Tragédie sur la Grand Place 1918

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Description

Les Allemands avaient convoqué sur la Grand-Place de Quaregnon, pour le dimanche 27 octobre 1918, les propriétaires de chevaux des communes du canton de Boussu, qui devaient y amener leurs bêtes pour être réquisitionnées. Les Allemands avaient dressé une table sur le tamis du jeu de balle afin de procéder à ces réquisitions. Les propriétaires étaient alignés avec leurs chevaux auprès de la palissade qui entourait l’église.

Il était 10 h 15, une colonne d’artillerie allemande descendait la place venant de Monsville pour reprendre la Grand-Route vers Mons. La messe dans l’église en bois venait de se terminer ; la population circulait sur la Grand-Place en s’intéressant à ce qui se passait. Tout à coup, trois avions anglais apparurent dans le ciel, venant de la direction de Saint-Ghislain, et immédiatement trois bombes éclatèrent : une sur la Grand-Place, une sur la Maison communale et une sur la Brasserie Plumat.

La bombe qui tomba sur la Grand-Place, vis-à-vis du tamis, éclata au ras des pavés et fit des ravages terribles : 70 civils, dont 45 de Quaregnon furent tués. Parmi les 25 autres se trouvaient plusieurs réfugiés français. 25 chevaux furent aussi tués ainsi qu’une dizaine de soldats allemands. Il y eut, en plus, de nombreux blessés qui furent secourus et transportés dans les maisons voisines et à la pharmacie Jean Delvigne.

Un Allemand achevait les chevaux blessés à coups de revolver. Le sang formait une vaste flaque derrière le chœur de l’église, amené par les voies du tram et la déclivité. A cet endroit gisaient une dizaine d’enfants, la tête ouverte, plaqués au sol par la déflagration. Les victimes furent enlevées pendant la journée, mais tard dans la soirée, tous les corps n’étaient pas encore relevés.

Le lendemain, la commune chargea des bouchers de découper sur place les chevaux tués et d’en distribuer la viande à qui en voulait. Quinze jours plus tard, nous connaissions la libération et l’Armistice…

Le registre des décès de 1918, véritable « martyrologue », permet de connaître les identités de celles et ceux qui sont décédés le jour même du bombardement de Quaregnon. Peut-être y retrouverez-vous un parent ?

En voici la liste (N.B. ceux décédés plus tard, des suites de leurs blessures, ne sont pas repris ici). « (…) sont décédés le vingt-sept octobre 1918, à 10h 20 du matin : Vital-Emile Durant, Louis Florian, Achille Ballet, Rose Legat, Zéphir Cauffriez, Aril Cailleaux, Hector Samain, Rosa David, Louis Sarot, Thimothée Toussaint, Alphonse Caufriez, Noël Joseph Louis, Julien Leroi, Maurice Plumat, Jean-Baptiste Auvertus, Victor Van Laer, Maurice-Marcel Dieu, Louis Alfred Deltour, Louis Paras, Georges Nicolas, Jules Houdart, Virgile Lesceu, Fulgence Ruelle, Jules Merckx, Alfred Lévêque, Fernand Toussaint, Jean-Baptiste Mathieu, Gilbert Léon Lété, Jules Blondiau, Léonard Marbaix, Paul Lhote, Alfred Morelle, Pierre Joseph Maes, Aristide Delaunois, Alfred Deltour, Gustave Stiévenart, Henri Samain, Achille Malengreau, Ignace Moreau, Emmanuë1 Viviez, Luciani Bouillon, Jules Baudouin, Charles Navrez, Simon Del-sart, Armand Plumat, Edouard Genevois. N.B.:

Le 9 novembre, un nouveau bombardement, cette fois de l’artillerie allemande, fit encore des victimes : Louis Sourdeau, Oscar Lévêque, Léona Bouillon, Elisa Dange, François, Yvonne et Maurice Myant. A côté de tous ces noms, une note en marge : « morts pour la Belgique ».

 

Source : article du Journal de Quaregnon septembre-novembre 1989, périodique n°15 page 26

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